Un label pour structurer le marché du freelance
Face aux transformations du marché IT, le modérateur de la table ronde a posé une question clé : "Un label pourrait-il être une solution pour accompagner les freelances dans leur lancement ?"
Pour Pierre Paul ARDILE, la réponse est évidente : il est nécessaire d’apporter une structuration aux freelances afin qu’ils puissent pleinement bénéficier des évolutions du marché.
"Le travail en freelance est aujourd’hui incontournable. Cependant, une approche exclusivement basée sur ce modèle ne suffira pas à soutenir une croissance durable. Il faut un cadre structurant qui permettra aux freelances d’accéder à des projets de qualité et de monter en compétences. La création d’un label pourrait jouer un rôle essentiel dans cette dynamique."
BPO vs Développement informatique : deux réalités à équilibrer
Un autre point majeur soulevé par le CEO d’Arkeup Group concerne la distinction entre le BPO (Business Process Outsourcing) et le développement informatique.
"Aujourd’hui, il faut reconnaître que le BPO est un secteur fort et bien établi. En revanche, le développement informatique et la création de solutions numériques restent faibles, voire quasi inexistants. Il est crucial de renforcer cette branche pour ne pas être dépendants uniquement d’un modèle économique basé sur l’externalisation de services."
Intelligence artificielle : un enjeu stratégique pour Madagascar
Outre les aspects techniques du secteur, Pierre Paul ARDILE a insisté sur un enjeu fondamental : la montée en puissance de l’Intelligence Artificielle.
"Madagascar doit impérativement anticiper cette révolution technologique. L’IA peut être un levier formidable pour la formation et l’innovation, mais nous avons un retard considérable sur ces sujets. Il ne s’agit pas simplement de former aux métiers d’aujourd’hui, mais de préparer la jeunesse aux métiers de demain, qui seront totalement différents."
Valorisation locale et attractivité internationale
L’une des préoccupations majeures du CEO d’Arkeup Group est la fuite des talents vers l’étranger.
"Nous devons garder nos jeunes et leur offrir des opportunités sur place. Actuellement, trop de professionnels quittent Madagascar, ce qui affaiblit notre écosystème numérique. Au-delà de cela, nous ne devons pas nous limiter à un rôle d’exécutants pour le marché occidental, mais chercher à créer de la valeur pour les entreprises internationales et françaises."
Dans cette optique, il insiste sur l’importance d’un partenariat fort avec la France, en capitalisant sur les relations francophones et les collaborations existantes.
"Nous avons un lien stratégique avec la France, et nous devons le renforcer pour attirer les investisseurs et les projets intéressants. Construire un label et structurer la zone avec des approches comme Techno PAF—qui rassemblent entreprises, start-up et centres de formation—peut être un excellent moyen de dynamiser notre marché et d’affirmer notre expertise."
Une vision pour l’avenir du numérique à Madagascar
Si le BPO est aujourd’hui une force, il est impératif de renforcer le développement informatique, d’anticiper l’essor de l’IA et de structurer l’écosystème du freelance grâce à des initiatives concrètes comme la création d’un label.
L’avenir du numérique à Madagascar repose sur une approche proactive, capable de retenir les talents, stimuler l’innovation et positionner le pays comme un acteur stratégique du marché IT international.